Eugène Ionseco à propos de Mao, Churchill et de Gaulle
Cela fait toujours plaisir quand on a acheté un livre et que l'on se rend compte par après que c'est en fait un véritable bijou que l'on a acquis... Cette fois, il s'agit d'Antidotes d'Eugène Inoesco (le titre du livre est programme...). Il s'agit là d'un "receuil d'articles, de polémiques et de pamphlets" de Ionesco parus dans de différents journaux. Le texte suivant est paru le 20 septembre 1976 dans Le Figaro. Sous le titre très évocateur "Agenouillés devant Mao", on trouve le récit de comment l'auteur a appris la mort de Mao. Il est scandalisé par les réactions des médias (qui parlent d'"un vide immense") et des politiciens européens ("Mao était un dieu et les dieux ne meurent pas"). Pour Ionesco, Mao était bien au contraire "un de ces ultrabaroques démons chinois" . Et il ajoute (et c'est moi qui souligne): "Mais ce qu'il y a de grave, de dangereux, d'excessivement dangereux, c'est l'attitude de crainte et de tremblement que les hommes d'État européens pouvaient avoir vis-à-vis de Mao. La réaction spontanée qu'ils ont eue devant sa mort a prouvé qu'ils ne pouvaient pas se tenir debout, mais à genoux, à plat ventre devant lui. Mais ils avaient à discuter d'égal à égal avec Mao. C'était un interlocuteur, un partenaire, un adversaire. Un adversaire dont on voit bien qu'ils leur faisait peur. Je dois dire également que l'attitude des hommes d'État et politiques français devant un Brejnev, et autrefois même devant le grotesque Khrouchtchev, a été et est semblablement causée par le même complexe d'infériorité.[Petite remarque avant la suite: un ami suisse-allemand m'a dit un jour que c'est en se référant à Napoléon qu'on lui avait appris en français la différence entre "un homme grand" et "un grand homme". En parlant de de Gaulle, Ionesco nous rappelle pourquoi cet homme immense fut également et avant tout un grand homme.]
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