Une nouvelle mauvaise loi suisse
Le législateur suisse a à nouveau appliqué la règle principale politique de notre ère: "Choisis un bon prétexte politiquement correct et justifie ainsi de nouvelles limitations de la liberté de tes citoyens, un gonflement de l'État, une hausse des impôts ou tout autre activité malsaine".*Le dernier exemple est la révision de la loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure (Modification: Mesures contre la propagande incitant à la violence et contre la violence lors de manifestations sportives). Cette loi existe déjà depuis un certain temps et elle règle en substance l'activité du service secret interne de la Suisse: le Service d'analyse et de prévention, comme nous l'appelons modestement (SAP; en allemand: Dienst für Analyse und Prävention). C'est un domaine où notamment les droits de protection de l'individu sont très limités, p.ex. pas d'accès personnel au dossier que le service pourrait avoir sur vous. Je le sais pour l'avoir essayé pour un client... Je concède que de telles lois et de tels services sont en principe malheureusement nécesaires dans toute "société" libérale et ouverte. Cependant, mantenir le juste équilibre entre mesures nécessaires (et invasives par essence) et la protection (la plus classique qui soit) de l'individu est crucial dans ce domaine. Ce qui m'inquiète beaucoup depuis un certain temps, c'est que des motifs "politiquement corrects" sont de plus en plus souvent invoqués pour justifier des excès étatiques. Que ce soit la lutte contre le terrorisme, l'antiracisme, la protection des enfants contre les abus sexuels et la pornographie, la phobie de la gauche contre le droit libéral des armes ou, comme maintenant, la lutte contre le Hooliganisme, le mechanisme reste toujours le même. Après tout, qui saurait être contre la protection de la propriété privée ou contre la protection des enfants? Je pense que la lutte contre le Hooliganisme se prête d'ailleurs particulièrement bien à de tels abus politiques, car c'est un secteur assez apolitique ou alors bien de droite. Le texte proposé contient un chapitre de "Mesures contre la violence lors de manifestations sportives". J'ai cependant constaté avec amertume qu'un passage comparable dédié à la violence incitée ou inspirée par l'extrême-gauche qui est tout aussi menacante (cf. les évènements récents en France) semble briller par son absence. Cela me rappelle l'interdiction (projetée? décidée? je ne sais plus) du port de signes nazis. C'est bien joli, moi aussi j'suis contre la croix gammée. Seulement, la faucille et le marteau sont-ils vraiment des symboles représentant un mouvement moins méchant? J'en doute, c'est plutôt les deux côtés différents de la même médaille. Perso, je ne vois aucune raison d'interdire ni l'un ni l'autre. Mais je dévie du sujet initial. Je salue en tous les cas l'initiative de gebsn. Je ne suis pas toujours d'accord avec lui (il est plutôt un libéral de centre-gauche il me semble), mais il a un site suisse-alémanique de qualité (le seul de gauche dans mon blogroll, cela dit ;-) ). Il rassemble un nombre d'arguments très pertinents contre cette loi. Elle prévoit notamment des mesures totalement démesurées contre des hooligans "soupçonnés" (texte allemand ici): Art 24e:Nos amis bâlois se souviennent sûrement de l'épisode ou la police zurichoise, par souci de "prévention", avait embarqué tout un train (!) de supporters bâlois venant pour un match à Zurich. 427 personnes avaient été interpellées, dont des gamins visiblement choqués, uniquement une douzaine a alors été condamnée.... C'est le problème de ce genre de lois: Elles sonnent "bien", mais elles sont démesurées et inefficaces. Bref, je fais usage de mon droit de signer une demande de réferendum et j'encourage tous les citoyens suisses majeurs à faire de même. *Manuel à l'usage des paranos libéraux anti-totalitaires, p.15. |
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