Pourquoi il était vraiment juste et intelligent de s'en prendre à l'Irak III
Mon ami Jack m'a à juste titre interpellé parce que je n'avais pas répondu à son commentaire à ce billet. Je vais tenter de me ratrapper ici. Il s'agit de la question des arguments valables ou moins valables (selon les positions) de l'intervention américaine en Irak. On a remarqué qu'apparamment, Saddam avait entraîné un nombre considérable de terroristes. En plus, la question des armes de destruction massive a été posée par Jack. Je pense qu'en verité, ces deux motifs (également avancés par l'administration Bush) ne sont que secondaires. L'invasion reste justifiée - même en leur absence. Pour moi, les points essentiels sont essentiellement d'ordre "international" (s'y ajoute la dimension interne de ce régime sanguinaire et totalitaire battant quasiment tous les records depuis 1953, année de la mort de Staline). Ce qui était déterminant, c'est que l'Irak de Saddam constituait une menace etrêmement grave, en fonction de sa volonté agressive - à maintes fois démontrée et que l'on pourrait même qualifier d'expansionniste (Iran, Kurdes et Chiites, Koweït, Israël, Arabie saoudite). Il est clair que le fait que cette région est riche en pétrole rend la chose beaucoup plus délicate. Comme tu le remarques, Jack, cela reste un argument stratégique entièrement valable. Il a toutefois été détourné par une partie du "camp de la paix" en suggérant qu'il s'agissait uniquement de remplir les poches à Halliburton et que la campagne militaire servait donc des fins néo-libéraux... Cependant, nous aussi, notre économie, vous et moi dépendons du pétrole et de sa disponibilité. Le pétrole est un des éléments essentiels qui font du Proche et Moyen Orient une région clé en termes géo-stratégiques (il y en a d'autres, notamment le retard économique et culturel, l'islamisme, la menace dont souffre Israël). Malgré un isolement plus ou moins efficace, le régime de Saddam était resté en place avec la capacité de redévelopper immédiatement son potentiel dangereux une fois les sanctions levées. C'était peut-être comparable à une tumeur qui, plus on attendait, plus il serait difficile de s'en débarrasser. La "communauté internationale" s'était donc dés le début engagé dans une impasse (Clinton n'a rien fait pendant huit huit ans pour en sortir). Le fait que Saddam était affaibli en 2003 ne change en somme pas grand chose - au contraire, une raison de plus pour en profiter...! (J'entends d'ici les cris au scandale me traitant de tous les noms, d'affreux cynique. Mais je pense que si cela n'est peut-être pas beau à dire, ça a au moins l'avantage d'être vrai - comme dirait l'autre.) Ce régime était fait pour durer, il avait survécu à tout (malgré les souffrances de son propre peuple). Il était peut-être comparable à la dynastie Assad en Syrie - également au pouvoir depuis plus de 30 ans. La dictature syrienne ne tombe d'ailleurs pas non plus de par elle-même - ce n'est qu'une pression coercitive extérieure qui pourrait être en mesure de liquider un tel régime (en Syrie peut-être que des pressions massives suffiront, en Irak cela a été essayé - en vain). Dans le cas de l'Irak, la "communauté internationale" n'avait tout simplement pas cette volonté de changement de régime sans toutefois proposer de véritable alternative. Bush l'avait, cette volonté (avant lui déjà le congrès, sauf erreur depuis 1998), c'est pourquoi il est à présent en mesure de pouvoir former cette partie du monde. C'est cette notion de prendre l'initiative et de former activement le monde qui est totalement étrangère à la mentalité européenne actuelle. L'Europe préfère plutôt une approche avec plus de "retenue". Ariel Sharon l'a d'ailleurs eue également, cette volonté formatrice (Pour les germanophones, je parle ici entre autres de cette attitude "hésitante" de l'Europe). C'est donc le motif de changement de régime que j'ai toujours soutenu, combiné avec l'acceptation qu'un changement nécesaire ne pouvait intervenir que de l'extérieur. La question des ADM n'était en somme qu'un adjectif et la question des liens terroristes aurrait été un (bon) argument de plus. Pour ce que tu as dit par rapport à l'Iran, Jack, il est difficile pour moi de te contredire entièrement (on pourrait également poser la question du Pakistan comme le fait Bernard-Henri Lévi dans son livre sur Daniel Pearl...). Seulement, une intervention militaire était en principe un moyen adapté en 2003 pour l'Irak. Les rapports internationaux ne sont pas de nature cartésienne. Ce qui est juste dans un cas ne l'est peut-être pas dans un autre (je songe à la Corée du Nord ou à la Syrie). Et imaginons une seconde le bordel fantastique si on avait encore Saddam à Bagdad et Ahmadine-truc à Téhéran! Si le monde occidental (et Israël - qui en fait partie) a aujourd'hui le luxe de pouvoir plus ou moins se concentrer sur l'Iran, c'est bien parce que Bush a plus ou moins fait de l'ordre à côté... Je pense donc qu'il est juste de prendre une étape après l'autre, quand l'occasion se présente. Il incombe d'ailleurs à présent à la "communauté internationale" de mettre les bases d'une telle situation de départ par rapport à l'Iran. En d'autres termes, là aussi, il faut commencer à engager l'euthanasie stratégique. Le patient n'attendra pas longtemps. |
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