La Suisse dans le Conseil de Sécurité? Micheline Calmy-Rey dérape à nouveau
Mich'line la Terrible a encore frappé. Voilà que notre ministre socialiste des affaires étrangères, lors de la conférence des ambassadeurs à Berne, réfléchit à voix haute à un siège suisse au Conseil de Sécurité onusien (Je les entends rire d’ici, à Washington, à Pékin, à New York, à Moscou, à Londres, à Paris, à Berlin, à Delhi et même à Ramallah). Elle a en outre saisit l'occasion pour démontrer qu'elle poursuivait bien une ligne cohérente de politique étrangère (Je ne nie point cette cohérence qui me désole profondément). Elle a notamment affirmé qu' il n’est pas normal que 80% de la représentation du Conseil de sécurité soit assumée par le monde dit occidental. Nous voulons aussi plus de transparence et un fonctionnement plus démocratique du Conseil de Sécurité. Et pourquoi pas, un jour nous sentirons-nous assez sûrs pour faire acte de candidature au dit Conseil ?Comme le faisait remarquer la Neue Zürcher Zeitung il y a quelques semaines, avec ses appels «humanitaires» et «altruistes», Calmy-Rey ressemble plus à une présidente d'une organisation caritative et dite «sociale» qu'à une politicienne (plus ou moins élue) chargée de la défense d'intérêts nationaux. Elle me rappelle un peu Irene Khan, d’Amnesty international, en moins bête. Je m'étonne par ailleurs d'apprendre que 80% du Conseil de Sécurité seraient issus du monde «occidental». La Russie et la Chine sont-ils occidentaux? D'ailleurs, à part les membres permanents, il y a aussi les États suivants qui siègent actuellement dans le Conseil de Sécurité: L'Argentine, le Congo, le Danemark, le Ghana, la Grèce, le Japon, le Pérou, le Qatar, la Slovaquie et la Tanzanie. Ce n'est pas ce que j'appelle exactement une prédominance de 80% de l'Occident. Le caractère fallacieux du calcul de Calmy-Rey est bien entendu évident: Calmy-Rey a en vérité et contrairement à l'apparence uniquement tenu compte des membres permanents. La Chine à elle seule représente alors effectivement environ 20% de la population mondiale. La Russie - contre toute évidence - serait alors probablement comptée dans le «camp» occidental (j'avoue que les quelques 140 millions de la Russie ne mènent de toute façon pas très loin dans ce genre de calcul). L'approche biaisée de Calmy-Rey suggère cependant (du moins en théorie) un accès «démocratique» des populations civiles à l'ONU à travers leurs gouvernements respectifs - ce qui est ridicule compte tenu du caractère profondément anti-démocratique d'un grand nombre des États membres. Calmy-Rey croit-elle par exemple vraiment qu’un dirigeant tel le camarade Hugo songe aux intérêts du peuple vénézuélien lorsqu’il instruit son ambassadeur à l’ONU ? Lui qui dit vouloir rester au pouvoir jusqu’en 2030… Mich’line méconnaît plutôt complètement le caractère politique et non juridique voire parlementaire de l'ONU (et du système des relations internationales en général). Tout cela me fait réellement douter de la capacité de Calmy-Rey de comprendre les processus et les mécanismes politiques élémentaires. L’approche de Calmy-Rey néglige tout à fait les facteurs réellement décisifs et elle oublie que le monde non-occidental a malgré tout un poids considérable sur la scène internationale (songeons notamment à l’Inde, la Ligue arabe ou à Israël...). Comment expliquer par exemple la totale inaction de l'ONU face au Soudan? Ce n'est guère à cause de l'«Occident» ou parce qu'il aurait trop d'influence... Le problème est en vérité que les Nihilo-pavloviens aiment réduire la jungle méchante des relations internationales (où le droit n’est jamais une limite aux intérêts nationaux) à l’unique ONU Exemple : le mépris total voire la haine des gauchistes pour une des rares organisations qui a eu plus ou moins du succès à ce niveau: l’OMC, qui est disqualifiée car elle est «néo-libérale» et «élitiste». Je voudrais ensuite savoir quelles nations Calmy-Rey désirerait concrètement inviter au Conseil de Sécurité (à part la Suisse). Voudrait-elle peut-être suivre l'exemple de l'abominable Conseil des droits de l'homme afin de s’assurer que le Conseil de Sécurité devienne enfin plus «transparent» et plus «démocratique»? L'Arabie saoudite et Cuba lui manqueraient-ils peut-être au club? Ou faudrait-il demander aux régimes autocrates arabes de se joindre à la fête (on sait la vénération de Mich'line pour Arafat ou l'étrange sympathie d'un nombre considérable de socialistes pour les islamistes misogynes et sanguinaires)? Je doute en tous les cas que Calmy-Rey ait songé à l'Irak avec son gouvernement proaméricain... Si l’Iran était en revanche membre permanent, Calmy-Rey serait-elle alors d’avis que l’ONU serait devenue plus «humaine»? C'est peut-être dur à vivre pour des gauchistes mais il faut voir les choses en face : la majorité des États à tendance «transparente et démocratique» sont malheureusement effectivement «occidentaux» ou quasi-occidentaux (p.ex. le Japon). C’est pourquoi vouloir une ONU respectueuse des droits de l'homme et du principe démocratique est une contradiction dans les termes (soit on exclut une grande partie des membres soit on se compromet avec eux). Les propos de Calmy-Rey sont également à voir sous un autre jour : non seulement fait-elle tout pour vider de son contenu le concept de neutralité, qui a pourtant été maintes fois confirmé par le peuple suisse. Il faut aussi se souvenir que lors de la votation en 2002 sur l’accession de la Suisse à l’ONU, un grand nombre de gens votant «Oui» n’aurait jamais accepté l’éventualité de la Suisse siégeant au Conseil de Sécurité. Un tel pas devrait donc impérativement être effectué par voie de modification constitutionnelle et être approuvé par le peuple et les Cantons. Je ne pense bien sûr pas que le scénario d'une Suisse candidate au Conseil de Sécurité soit très réaliste dans les années à venir. Elle ferait donc mieux de s’occuper de ce qui sert avant tout ses propres intérêts. C’est d’ailleurs pourquoi l’idée d’envoyer des casques bleus suisses dans le Sud-Liban est à rejeter vigoureusement. Premièrement, la guerre va à nouveau éclater là-bas, c’est presque inévitable : le Hezbollah ne va jamais rendre les armes et démanteler son organisation militaire. Au contraire, lui et ses alliés syriens et iraniens profitent déjà Bref, Mich’line, tu es vraiment nulle. |
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