Doris Leuthard, ministre de l'économie (donc le ministère qu'il faudrait abolir) se fait remarquer: Elle critique le système des forfaits fiscaux dont jouissent des citoyens étrangers résidant en Suisse: Certains étrangers très riches - comme Johnny - qui n'ont un revenu de source suisse que très modeste peuvent obtenir un traitement (beaucoup) plus favorable que des suisses qui ont le même revenu et qui sont donc dans une situation économique comparable. J'avoue me retrouver dans un dilemme entre pragmatisme politique et purisme libéral. Il est évident que la critique de Leuthard vient à un moment très mal choisi. L'Union européenne est en train d'aiguiser ses couteuaux pour s'en prendre à la fiscalité suisse - in globo. Une ministre devrait donc avant tout penser à un niveau stratégique et ne pas faire de concessions psychologiques naïves et gratuites à nos "amis européens". En revanche, je dois avouer que je partage avec Doris un malaise de principe par rapport à cette inégalité de traitement. Si, comme je le crois, la seule égalité qui compte est celle devant la loi, alors une différence de traitement en matière fiscale qui se base uniquement sur le passeport n'a aucune justification morale. C'est surtout dérangeant si l'inégalité de traitement est "horizontale", si deux mêmes revenus sont donc imposés de manière différente et ce sans bonnes raisons. Je concède que le besoin de faire de la Realpolitik fiscale peut justifier que l'on pique les gros contribuables à nos voisins. Mais il reste qu'un tel système est n'est pas libéral. UPDATE (11.01.2007, 20:04): À ce propos, voici un éditorial de l'AGEFI dont on ne peut pas dire qu'il a tout à fait tort. On se méfiait de doris Leuthard, les faits nous donnent raison
Par Alain Fabarez
L’élection de la belle Doris n’avait pas suscité beaucoup d’enthousiasme à la rédaction de «L’Agefi» [sur le Mont De Sisyphe non plus d'ailleurs -ed.]. Certes, c’est une femme très ambassadrice, jeune de surcroît, mais elle est trop lisse, trop conciliante et démagogue. Et visant avant tout à sauvegarder sa popularité. Et, pour les dossiers d’importance quand elle a tenté de rassembler le plus grand nombre, plus convaincue que convaincante. Les premières semaines de son dicastère ne nous ont pas rasséréné et son pas de clerc à Infrarouge conforté dans nos doutes. Le costume de conseiller fédéral est un peu grand pour elle. Ce plouf dans la mare est particulièrement malvenu à l’heure justement où le pays doit faire front contre des attaques de toutes parts contre son statut fiscal. Elle voudrait nous tirer une balle dans le pied qu’elle ne s’y prendrait pas autrement! D’autant plus malvenu – ce que ses collègues lui ont rappelé hier – que ses gesticulations médiatiques n’ont aucune chance de changer la situation. Les forfaits fiscaux sont du domaine des cantons et non de la Confédération. Des cantons qui, même gouvernés à gauche, sont tout contents d’accueillir de riches contribuables qui sont des compléments d’impôts mais aussi des consommateurs locaux. Du point de vue «concurrentiel» la position de Doris Leuthard est tout aussi absurde. Ce que font nos cantons, de grands pays européens le pratiquent de la même façon. Les riches retraités français écœurés par les ponctions dont ils sont victimes peuvent tout autant aller passer leur retraite à Londres ou à Bruxelles. Avec les mêmes types de forfaits, ce qu’ils font d’ailleurs de plus en plus. Si la Suisse venait à supprimer les forfaits fiscaux, il n’y aurait plus un riche français dans notre pays. Est-ce cela que Mme Leuthard souhaite? Alors qu’elle le dise.
Comparer Johnny Halliday et Federer est tout aussi ridicule et démagogue, et notre conseillère a parlé avant de réfléchir. Le chanteur français tire la quasi-totalité de ses revenus en France, où il doit payer quelque 80% d’impôts. Federer, lui, obtient ses revenus de ses victoires à Londres, New York ou Sydney et de ses contrats publicitaires gérés un peu partout dans le monde. Et, à chaque fois, on lui retient, sur place, des impôts à la source. Il n’a donc pas à en payer en Suisse. Et si un jour notre champion, qui ne passe que quelques semaines à Bâle, trouve que notre fisc est trop gourmand, il n’aura qu’à s’installer à Monaco. Mais ce qui nous navre le plus, c’est que Doris Leuthard fasse le lit de cette gauche caviar française à l’instar d’Arnaud Montebourg, qui traite notre pays «d’Etat voyou». Cette même gauche qui a pillé la France, sans aucune vergogne, lorsqu’elle était au pouvoir. Mitterrand a montré la voie. Ils se sont engouffrés dedans sans aucune restriction. Pas une affaire ne s’est faite sans commission pour ces messieurs qui vivent comme de très grands bourgeois ou des châtelains au cœur même de Paris, dont ils espèrent demain redevenir les maîtres. Pour à nouveau se remplir les poches. De grâce, pas de morale à quatre sous, et souvenez-vous de ce vieil adage économique qui devrait être placardé face à votre bureau: «Trop d’impôt tue l’impôt.» Merci à Turion pour le lien. Labels: Economics, français, Legal, Résistance, Suisse |
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